Depuis le début de la pandémie de COVID-19, le monde du travail a connu des bouleversements indéniables (télétravail, voyages d’affaires, santé dans l’entreprise ont notamment été des enjeux majeurs). Mais les métiers les plus touchés par ces changements sont certainement ceux des professionnels de santé. En effet, d’après une étude menée auprès de 417 Médecins Généralistes et Infirmiers libéraux entre Mars et Avril 2022 par Medelse, 45% des professionnels de santé disent que leur métier a connu des mutations depuis la crise du covid (dont 55% chez les Médecins généralistes). En première ligne, ils ont essuyé les plâtres et montrent aujourd’hui une volonté de changements professionnels. Voyons comment les soignants ont fait face au Covid-19.
Des soignants qui préfèrent quitter l’hôpital public
Les soignants face au Covid-19
En novembre 2021, le Conseil Scientifique a tiré la sonnette d’alarme en indiquant qu’à cause de la pénurie de soignants, au moins 6% des lits d’hospitalisation dans le secteur public ont fermé. Dans le milieu hospitalier, beaucoup disent que la crise de la COVID-19 n’a fait qu’accentuer un sentiment de mal-être des personnels. Les conditions de travail, déjà difficiles, se sont détériorées. Les soignants face au Covid ont affronté une accumulation de la charge de travail, avec une rémunération jugée trop basse et un manque de reconnaissance de la part de la hiérarchie. Autant de raisons qui ont poussé une partie des soignants à quitter l’hôpital.
On peut ajouter que la suspension des soignants non vaccinés en Octobre 2021 a été une décision très controversée dans le milieu médical. Ce traitement d’une partie des soignants par les autorités de santé a causé de nombreux conflits (notamment en Guadeloupe, où il fut source d’émeutes en fin d’année 2021).
Pour aller où ?
Pour les infirmiers qui partent de l’hôpital, plusieurs options s’ouvrent : entamer une formation, changer de profession ou encore se tourner vers de nouvelles formes d’exercice (en libéral notamment). Beaucoup de ces IDE qui ont choisi un métier-passion restent dans le soin.
L’objectif est en tout cas de retrouver des conditions de travail plus apaisées et plus respectueuses de leur vie privée. Le statut libéral notamment permet de casser ce sentiment de “travail à la chaîne” qui revient souvent chez les infirmiers travaillant à l’hôpital. En poste au sein d’un même service, un IDE aura tendance à réaliser toujours les mêmes soins et à faire les choses vite et sous pression. Au contraire, un IDEL qui exerce des missions sous son statut libéral pourra quant à lui choisir les services qui l’intéressent. Il pourra alors pratiquer des soins diversifiés selon les pathologies qu’il sera amené à rencontrer. Cela lui permet :
- – d’acquérir de nouvelles techniques et découvrir de nouveaux aspects de son métier (prévention, éducation, …).
- – de travailler en équipe avec d’autres professionnels de santé. Il pourra ainsi améliorer ses connaissances et ses compétences en échangeant avec d’autres professionnels.
- – de réaliser des vacations au sein de cliniques privées ou dans des établissements de santé privés d’intérêt collectif (exemple : EHPAD) afin de diversifier ses missions.
- – de réaliser des missions mieux rémunérées. Déjà, lors de la campagne de vaccination mise en place par le gouvernement en décembre 2020, de nombreux infirmiers ont décidé de quitter leur poste dans le public pour travailler dans un centre de vaccination où les horaires et la rémunération y sont plus avantageux.
Les Médecins Généralistes se font rare
La densité de médecins généralistes a nettement diminué entre 2012 et 2021, en raison de la baisse des effectifs de médecins généralistes et de l’augmentation de la population. D’après les chiffres de la Drees, la densité de médecins a ainsi diminué de 2,2 % au cours de cette période, passant de 325 à 318 médecins pour 100 000 habitants. Toutes les régions ne sont pas égales face à la densité de médecins généralistes, l’Île-de-France est notamment considérée comme le plus grand désert médical du pays.
Ce phénomène de déserts médicaux a été beaucoup médiatisé durant les élections présidentielles de 2022, figurant en tête de nombreux programmes électoraux. Pourtant, les déserts médicaux progressent. Mais pour quelles raisons ?
Une baisse de revenus
Ces deux dernières années, les médecins généralistes ont vu leurs revenus baisser, en partie à cause de la pandémie. (N’hésitez pas à consulter notre article sur la rémunération des médecins par spécialité). Face au Covid, le confinement et la peur de la contagion ont entraîné une forte baisse de fréquentation des cabinets de ville. Si la charge de travail administrative a beaucoup augmenté, le volume de consultations a lui baissé. Selon la Carmf (Caisse autonome de retraite des médecins de France), les revenus des médecins généralistes ont baissé en moyenne de 3,36%, soit une perte de 2500€ entre 2019 et 2020. Dans ce nouveau contexte, de plus en plus de médecins généralistes se tournent vers la tarification fixe qui leur paraît plus avantageuse.
Des mutations dans la façon d’exercer
D’après notre étude, 55% des médecins généralistes considèrent que la crise sanitaire a contribué à changer leur métier, plutôt de façon négative. Dans ces changements, on compte
- – une augmentation de la charge de travail : les contraintes administratives liées au Covid ont notamment demandé beaucoup d’organisation chez les médecins
- – une dévalorisation de leur métier, de la part des patients mais surtout de la part des autorités de santé
- – une augmentation générale de la pénibilité de leur métier
On constate aussi une digitalisation du métier, avec l’utilisation d’outils comme la téléconsultation qui ont pu les aider à faire face à l’absence de patients en cabinet.
Comment lutter contre ces pénuries ?
Une crise aux conséquences graves
Nous en avons longuement parlé, la pénurie d’infirmiers à l’hôpital affecte grandement l’accès aux soins. Les services d’urgence notamment, sont de plus en plus forcés à limiter leur activité et ne peuvent assurer qu’une prise en charge limitée des patients.
Les hôpitaux pouvaient auparavant recommander aux patients dans un état stable de se rendre chez un médecin libéral afin de libérer de la place, mais il devient de plus en plus compliqué de trouver un médecin généraliste, surtout dans les déserts médicaux. Ceux-ci voient leur liste de patients s’allonger et sont obligés de réduire le temps de consultation afin de faire face à la demande.
Lorsqu’on leur demande leur façon de percevoir l’avenir, 40% des Médecins généralistes répondent envisager de changer de métier si leurs conditions de travail n’évoluent pas.
Des solutions gouvernementales
Les soignants face au Covid ont vu une baisse des effectifs. Pour pallier la pénurie de soignants prévue pour l’été 2022, le gouvernement a décidé de mettre en place diverses mesures dont :
- – lancer une campagne de recrutement dans les métiers de la santé.
- – développer les formations en apprentissage
- – donner la possibilité aux élèves infirmiers qui terminent leur formation initiale en juin ou juillet d’exercer immédiatement, sans attendre la remise officielle de leur diplôme.
- – payer double les heures supplémentaires dans les hôpitaux,
- – faciliter le cumul des pensions de retraite et des revenus d’activités des professionnels de santé à la retraite reprenant une activité de soins
D’autres mesures sont à venir tel que le lancement d’une mission d’information comme l’avait annoncé le président de la République Emmanuel Macron le 31 mai lors de sa visite au centre hospitalier de Cherbourg, « sur les soins non programmés ».
Être accompagné pour faire face à ces changements
En tant qu’Agent des professionnels de santé, Medelse reste à vos côtés pour vous aider à faire face à ces changements. Soutenir le système de santé est plus que jamais une nécessité, nous accompagnons quotidiennement plusieurs milliers de professionnels de santé libéraux dans toute la France en leur permettant de trouver des missions à la journée au sein d’établissements de santé en quelques minutes et sans contraintes administratives. De nombreuses structures de soin nous font déjà confiance pour renforcer leurs équipes (cliniques privées, hôpitaux publics, EHPAD, centres de santé, …).
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