En novembre 2021, le Fédération Hospitalière de France a indiqué qu’environ 6% des lits dans les hôpitaux publics en France sont fermés à cause de la pénurie de soignants, venant corriger le chiffre de 20% annoncé par le Conseil Scientifique. Ce chiffre, bien que plus faible, interroge dans le cadre de la nouvelle vague épidémique. Comment expliquer ce phénomène ? Comment y remédier ?
Comment expliquer la pénurie d’infirmiers en France ?
Pourquoi une telle pénurie ?
Même si le recrutement de personnels hospitaliers pose problème depuis de nombreuses années déjà, la crise sanitaire liée à la COVID-19 l’a largement accentué. La fatigue accumulée pendant la pandémie, les nombreuses heures supplémentaires et la dégradation des conditions de travail ont fragilisé des soignants déjà à bout de souffle. Cette pénurie d’infirmiers dans les hôpitaux français s’explique par deux raisons principales :
– un absentéisme toujours plus important
– des problèmes de recrutements récurrents
Selon la FHF (Fédération hospitalière de France), le taux d’absentéisme a augmenté au cours de l’année écoulée pour atteindre 10% en moyenne. Comme les équipes soignantes travaillent à flux tendu, dès qu’une personne est absente du service, la charge supplémentaire de travail repose directement sur les personnes présentes. En ce qui concerne les problèmes de recrutement, les structures de soins peinent à combler leurs besoins. Toujours selon la FHF, les établissements de santé font face à un absentéisme de l’ordre de 10%, et jusqu’à 5 % de postes soignants non pourvus au sein des hôpitaux et des centres médico-sociaux publics. Même si le manque de médecins existe depuis longtemps en France, c’est maintenant le recrutement des IDE (infirmiers diplômés d’État) qui devient très compliqué.
Où vont les soignants ?
Certains établissements tentent d’innover et organisent des « jobs datings » pour recruter des soignants, bien que généralement, peu de professionnels de santé se déplacent pour assister à ce type d’événement. Ces dernières années, les infirmiers choisissent de prendre en main leur carrière et décident de se tourner vers le libéral, l’intérim ou encore la reconversion professionnelle. L’intérim offre plus de liberté au soignant car il ne s’engage que pour des missions à court terme. Dans le secteur libéral, les conditions de travail et la valorisation salariale sont meilleures. Le professionnel de santé choisit et diversifie ses missions, qui peuvent être en cabinet ou dans différentes structures de santé, lui permettant ainsi de voir plus de services et de se former. Il peut en outre mettre l’accent sur sa relation avec les patients ou avec les autres professionnels de santé, ce qui est devenu difficile à l’hôpital. Il accepte les missions qui lui conviennent et organise son temps de travail comme il le souhaite. En octobre 2020, selon l’Ordre national des infirmiers, 4 IDE sur 10 ont affirmé ne pas savoir s’ils exerceront toujours ce métier dans 5 ans. En raison d’une évolution de carrière assez limitée, certains infirmiers préfèrent opter pour une reconversion professionnelle au bout de quelques années d’exercice.
Quelles sont les conséquences d’une telle pénurie et comment y remédier ?
La fermeture des lits d’hôpitaux
La principale conséquence de la pénurie d’infirmiers est la fermeture de lits d’hospitalisation au sein des établissements de santé publics. En septembre 2021, selon la DREES (Direction de la recherche des études de l’évaluation et des statistiques), le secteur public avait perdu 5 758 lits d’hospitalisation en un an. Toujours selon cette même étude, 27 000 lits d’hospitalisation ont été fermés en 7 ans. Dans certaines régions de France, ce sont des services entiers qui ferment. Ces fermetures croissantes obligent les patients à être hospitalisés loin de chez eux, ce qui peut représenter un réel danger en cas d’urgence vitale. Des patients ont vu leur intervention chirurgicale être reprogrammée à plusieurs reprises.
Travailler à flux tendus
Selon la FHF, la France compte 354 000 postes d’IDE et 287 000 postes d’aide-soignants. Cependant, chaque année, 100 000 postes sont à pourvoir. Le besoin en personnels soignants reste donc toujours très important. Une autre conséquence de la pénurie de personnels dans les hôpitaux est la fatigue intense ressentie par les équipes soignantes. Avec la pandémie de COVID-19, les soignants font face à des pressions physiques et psychiques inédites. Ils sont obligés de travailler en sous-effectif et d’effectuer de nombreuses heures supplémentaires. Ils se retrouvent dans l’impossibilité de poser leurs congés et doivent faire face à l’agressivité des patients.
Quelles solutions ?
Durant la pandémie, de nombreux infirmiers ont préféré travailler dans les centres de vaccination où les horaires sont plus souples, la rémunération plus attractive et la charge de travail moindre. Ce phénomène révélateur n’a fait qu’accroître la pénurie de soignants. Quelles solutions peuvent alors être envisagées ?
– Améliorer les conditions de travail
Ce métier-passion s’exerce de base dans un environnement de travail naturellement anxiogène (horaires décalés, implication psychologique, travail physiquement exigeant, sous-effectifs), la pandémie de Covid-19 n’ayant fait qu’empirer les choses. Retrouver une attractivité forte pour l’hôpital nécessite plus de considération sur les desiderata des soignants, notamment sur l’amélioration sur la qualité de vie au travail et la gestion de carrière.
– Revaloriser les salaires
Le travail en centres de vaccination s’est aussi avéré être très attractif pour les infirmiers car la rémunération y est supérieure à leur salaire habituel, perçu comme insuffisant pour compenser la pénibilité de leur métier. Les accords du Ségur de la santé, signés le 13 juillet 2020 par l’État, ont permis une revalorisation des salaires des soignants et une augmentation de 183 € net mensuel a pu être mise en place en Octobre 2021. C’est déjà un grand pas en avant mais encore insuffisant par rapport aux 300 € net souhaités par les soignants.
– Permettre aux soignants de diversifier leur carrière
Il est aussi nécessaire de proposer aux soignants des possibilités d’évolution de carrière plus importantes pour leur permettre de se diversifier. Mettre en place un accompagnement, par exemple via des entretiens professionnels, afin de leur permettre de suivre un parcours professionnel épanouissant. De nombreuses structures de soins font aussi appel à des agences spécialisées pour pourvoir leurs besoins en personnel, qui permettent à ces soignants de diversifier leurs missions et de changer de statut si ils le veulent.
– Augmenter la formation
Pour remédier à ce problème de pénurie, la formation est indispensable. Selon le président de la Confédération des syndicats médicaux français, Jean-Paul Ortiz, l’augmentation des places disponibles au sein des IFSI (Instituts de formation en soins infirmiers) permettrait de combler les besoins en infirmiers dans le secteur hospitalier dans les années à venir.
Medelse est à vos côtés pour vous aider
Depuis 2016, Medelse est une plateforme de missions pour soignants libéraux. Nous accompagnons quotidiennement plusieurs milliers de professionnels de santé libéraux dans toute la France en leurs permettant de trouver des missions à la journée au sein d’établissements de santé en quelques minutes et sans contraintes administratives. De nombreuses structures de soin nous font déjà confiance (cliniques privées, hôpitaux publics, EHPAD, centres de santé, …).
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